Une théorie ne se prouve pas, elle s'éprouve
Combien de fois n’a-t-on pas entendu ou lu de la part de personnes pas nécessairement au fait de certains principes scientifiques de base, l’affirmation suivante : « Mais ce que vous dîtes n’est qu’une théorie, ça n’est pas prouvé ! »
Il convient donc de rappeler dans un premier temps ce qu’est une théorie, dans l’acception scientifique du terme et dans un second temps son mode de validation.
En sciences, une théorie est un modèle ou un cadre de travail pour la compréhension de la nature et de l'humain. En physique, le terme de théorie désigne généralement le support mathématique, dérivé d'un petit ensemble de principes de base et d'équations, permettant de
produire des prévisions expérimentales pour une catégorie donnée de systèmes physiques.
Un exemple est la « théorie électromagnétique », habituellement confondue avec l'électromagnétisme classique, et dont les résultats spécifiques sont obtenus à partir des équations de Maxwell.
L’adjectif « théorique » adjoint à la description d'un phénomène indique souvent qu'un résultat particulier a été prédit par une théorie mais qu'il n'a pas encore été observé.
Par exemple, jusqu’à récemment, les trous noirs étaient encore considérés comme des objets théoriques. Il n'est pas rare dans l'histoire de la physique que des théories aient produit de telles prévisions et que ce soit seulement plus tard que ces dernières aient été confirmées par l’expérience (par exemple : le laser mathématiquement prédit en 1917 par Albert Einstein et réalisé seulement en 1953).
Pour qu’une théorie soit considérée comme faisant partie des connaissances établies, il est habituellement nécessaire que celle-ci produise une expérience critique, c’est-à-dire un résultat expérimental qui n’était prédictible par aucune autre théorie établie.
Si les conséquences prévues ne sont pas contredites par la réalité observée et mesurée, alors la théorie et ses principes se trouvent confortés.
Si apparaissent des faits observés et mesurés que la théorie ne prévoit pas, alors soit il faut modifier la théorie, soit il faut en préciser les limites.
Si la théorie prédit des effets, alors il faut chercher à les observer et à les mesurer. Par exemple, les théories astrophysiques prédictives confirment qu'il y a des lois ou des règles qui régissent le comportement de l'univers . Ainsi :
- les lois de conservation (voir Théorème de Noether),
- les principes de maxima et de minima, comme ceux de Maupertuis et d'Hamilton?
(Définition donnée par : techno-science.net)
Une théorie n’est donc pas un théorème ou un postulat que l’on cherchera à démontrer par un raisonnement déductif mais un modèle général construit à partir de faits particuliers et qui doit être éprouvé par des données observables et mesurables.
Une théorie physique ou plus généralement concernant les sciences naturelles s’élabore donc à l’aide d’un raisonnement inductif ou abductif.
Par exemple, la théorie de la gravitation de Newton a été reformulée dans le cadre de la théorie de la relativité (Einstein) afin de prendre en compte la question de l'avance du périhélie (précession) de la planète Mercure.
La théorie de l'évolution a fait l'objet d'un apport conceptuel majeur dans les années 1970 avec la notion des équilibres ponctués (Stephen Jay Gould) sans que ne soit remise en cause l'idée phare de Darwin, la sélection naturelle.
Mais cette théorie est toujours mal comprise et acceptée par un certain nombre de croyants fondamentalistes car elle contredit une lecture littérale de la Bible.
En conclusion, les créationnistes ont raison quand ils disent qu'une théorie ne peut pas être prouvée mais ils ont tort d'affirmer qu'une théorie est fausse si elle ne peut pas être prouvée.
Nous avons affaire ici à une incompréhension pure et simple de la méthode scientifique, de ses exigences et surtout des modes de validation scientifiques de la connaissance.
posta01